08.10.2016
Sur la dernière décennie, Madagascar accuse la deuxième plus forte dégringolade du continent africain en matière de gouvernance. L’indice Mo Ibrahim n’est pas plus tendre envers la Grande île en matière de corruption.
En chute libre. Telle serait la situation de la performance de Madagascar, en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption sur la dernière décennie, si l’on se réfère au rapport de l’indice Mo Ibrahim pour l’année 2015, publié le 3 octobre dernier.
« Au 33e rang, entre le Gabon et le Togo, l’île ne fait pas trop mauvaise figure. Mais sa chute de 7,6 points est la deuxième plus forte du classement, après celle de la Libye », déplore le journal Le Monde, dans sa publication en ligne, le 5 octobre. Dans cet article, le quotidien français parle des performances de la Grande île en matière de gouvernance. Il avance-même dans son intertitre de son article « Madagascar en chute ».
Dans sa publication annuelle, depuis le début des années 2000, la fondation Mo Ibrahim dresse un état des lieux de la gouvernance dans cinquante-quatre pays africains. Une évaluation faite et un classement dressé sur la base de 95 indicateurs répartis en quatre catégories. L’indice publié, lundi dernier, s’accompagne aussi d’un rétrospective des dix dernières années. Sur la dernière décennie, les notes de Madagascar en matière « de sécurité et État de droit, opportunités économiques et développement humain » n’ont pas cessé de dégringoler, si l’on s’en tient à la publication du journal Le Monde.
La contre-performance de la Grande île en matière de lutte contre la corruption est pitoyable. Bien que la volonté des autorités étatiques actuelles et de leurs prédécesseurs, qui cherchent à revenir aux affaires, de lutter contre ce fléau qui gangrène la nation à tous les niveaux, soit tambourinée, « Madagascar affiche un triste record. Son indicateur de corruption et de bureaucratie a reculé de 78,1 points sur 100 ».
Détérioration
Les cinq années de crise politique qui a fortement mis à mal la situation économique affaiblissant l’autorité de l’État, la sécurité, ou encore le respect des règles de droit et favorisant la gabegie, pourraient expliquer cette débandade malgache sur l’indice Mo Ibrahim. Seulement, le fait que la Grande île, dans sa « chute », tutoie la Lybie, une nation malmenée par les violences armées et le terrorisme depuis l’année 2011, inquiète.
Une autre comparaison pourrait, par ailleurs, amener les actuels et anciens décideurs malgaches à mesurer leur zèle en matière de bonne gouvernance, État de droit, ou encore lutte contre la corruption. La Côte d’Ivoire, qui selon la plupart des médias internationaux « a connu une décennie de crise », dont la crise postélectorale sanglante, de 2010 à 2011, connait la plus forte amélioration de sa note dans le classement Mo Ibrahim.
En matière de droit humain, de participation citoyenne, d’implication de la société civile dans le processus politique, ou encore d’environnement des affaires, entre autres, la Côte d’Ivoire fait mieux que le grand nombre des cinquante-quatre nations notées par la fondation Mo Ibrahim. Pareillement en ce qui concerne la transparence publique où l’Afrique est grandement à la traine. La Redevabilité qui, en 2015, accuse un net recul et la liberté d’expression, qui, ces dix dernières années est malmenée sur le continent noir, torpille, aussi, la note malgache.
Dans le domaine des infrastructures où la tendance est à la hausse en Afrique, le journal Le Monde déplore que « Madagascar est l’un des dix pays à voir ce domaine se détériorer ». Sur les quatre domaines de notation que sont la sécurité et l’État de droit, la participation et droit de l’homme, le développement économique durable et le développement humain, le score de la Grande île a commencé à s’écrouler, en 2008, juste avant la crise.
Certaines publications concernant l’indice Mo Ibrahim indiquent que les fléchissements des notes de certains pays ont été presque tous à la veille d’une crise. Dans cette avalanche de mauvaises notes, l’indice de Madagascar connait néanmoins une légère amélioration, depuis l’année 2013. La Grande île n’arrive toujours pas pour autant à avoir la moyenne et reste englué dans la seconde partie du classement. Loin derrière ses principales concurrente dans l’océan Indien, que sont l’île Maurice et les Seychelles, qui caracolent aux cinq premiers rangs.
Garry Fabrice Ranaivoson
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